Dans un communiqué rendu public hier mercredi 25 juillet 2018 et largement répandu sur les réseaux sociaux, Joseph Anderson Le, sous le sceau de la République, sur papier à entête du ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative dont il est désormais le patron, convoque un méga meeting du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) à Bertoua.
On aura tout vu ! Le bêtisier de la période pré-électorale n’a pas encore livré le dernier épisode de ses actes saugrenus. Animées par l’obsession de vouloir plaire au Prince, les créatures de Paul Biya en sont presque devenus maboules. Dans le torrent des preuves que ces dernières brandissent pour témoigner de leur indéfectible attachement aux idéaux chers au Chef de l’Etat, il devient difficile de cerner les limites de cette loyauté déclarée au grand jour. Hier, mercredi 25 juillet, c’est Joseph Anderson Le, toute honte bue, qui signe un communiqué radio-presse portant l’entête du Minfopra ainsi que des emblèmes de la République, pour inviter tout le gratin administratif de la région de l’Est à se mobiliser en vue d’un meeting à la gloire de l’inamovible président du Rdpc et président de la République depuis 1982.
« Suite à la déclaration de candidature de Son Excellence Paul Biya à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, Monsieur Joseph LE, ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, fils de la région de l’Est, convie toutes les forces vives de ladite région, sans exclusive ni distinction de parti politique, à un grand meeting de mobilisation pour marquer leur soutien sans réserve à la candidature du président Paul Biya », peut-on lire sur le document dont le Messager a obtenu copie.
Rdpc, ce parti-Etat
Le meeting aura lieu à Bertoua, le samedi 28 juillet 2018 à 11 h à la Permanence du Rdpc, comme mentionné par le Minfopra. Sur le fond, cette réunion partisane n’a rien de condamnable puisque son initiateur est dans son droit ; il défend bec et ongle sa chapelle politique. Mais sur la forme, la sortie de Joseph Le est d’une grossièreté et d’un excès de zèle inconcevables. De quoi provoquer l’ire de nombreux internautes qui condamnent cet enthousiasme de mauvais aloi mais surtout, le statut de celui qui est par ailleurs président du conseil d’administration de la Société de presse et d’édition (Sopecam). En plus de brader les emblèmes des institutions de la République, l’homme démontre à suffire que le Rdpc dont il revendique hardiment son appartenance, n’est ni plus ni moins qu’un parti-Etat.
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N’en déplaise aux caciques du régime qui multiplient des thèses et des mémoires pour démontrer le contraire. En campagne pour la réélection de leur champion au soir du 07 octobre prochain, ces ministres et directeurs généraux des sociétés publiques et parapubliques voyagent avec les véhicules de l’Etat et puisent dans les ressources publiques pour financer leurs déplacements. Ces pauvres créatures harcèlent à longueur de journée leurs directeurs financiers ainsi que les directeurs des services rattachés à leurs départements, qui se rabattent sur les caisses de l’Etat pour financer les meetings et autres réjouissances au nom du « parti du flambeau » et de son éternel créateur qui l’incarne.
Après Biya, c’est Biya
A la vérité, il en est de Joseph Le comme de tous les autres hauts commis de l’Etat, membres du Comité central du Rdpc. Au Cameroun, ce qui compte ce ne sont pas les institutions que sont censés représenter les individus. Mais les individus qui personnifient les institutions. Au niveau étatique, on a tendance à accorder tous les bénéfices à l’individu Paul Biya plus qu’à l’institution qu’il représente à savoir, le président de la République. Il en est de même pour les autres sphères de pouvoir.
Plusieurs ministres donnent l’impression qu’ils tiennent leur pouvoir ou leurs postes plus de la « bonne volonté » du chef que de la méritocratie qui doit être la base d’une République. Avant Biya, c’est Biya ; après Biya, c’est Biya ! Dans les administrations, la personnification des institutions s’observe par une allégeance au chef. Et dire que la campagne électorale n’a pas encore (officiellement) démarré.